Sur base de l’état actuel de la filière horticole, des préoccupations et besoins des filières identifiés et des interventions passées dans le pays, les axes d’interventions du COLEACP en Côte d’Ivoire à travers ses programmes concernent les éléments repris ci-dessous.
La Côte d’Ivoire est le premier exportateur ACP de mangues vers l’Union européenne. Ces exportations ont connu une progression importante, en passant d’un peu plus de 11 000 tonnes en 2010 à plus de 30 000 tonnes depuis 2016 jusqu’ à ce jour.
Le problème majeur auquel est confrontée la filière mangue d’exportation est d’ordre phytosanitaire, puisque l’un des ravageurs principaux est la mouche des fruits, classée comme organisme de quarantaine dans l’Union européenne.
Le COLEACP collabore avec la Direction de la Protection des Végétaux, du Contrôle et de la Qualité (DPVCQ) depuis plusieurs années pour améliorer le système de contrôle et de certification phytosanitaires et plus spécifiquement, pour réduire les interceptions dans l’UE de lots de mangues pour raison phytosanitaire. L’enjeu est de maintenir la position de la Côte d’Ivoire sur le marché européen et d’assurer ainsi une source de revenu essentielle pour les travailleurs (principalement jeunes et femmes) et les producteurs de cette filière.
Dans le contexte de la mise en place de la réglementation relative à la santé des plantes de plus en plus stricte pour les produits importés dans l’Union européenne (Directive phytosanitaire 2019/523 et règlement UE 2019/2072 entré en vigueur le 01/09/2019 et révisions régulières )qui touche l’ensemble des pays – y compris ACP – qui exportent de la mangue vers l’UE, l’intervention du programme FFM-SPS en Côte d’Ivoire a prioritairement visé en 2019 et 2020 l’appui au développement du « Dossier mangue » . Celui-ci devait présenter, selon le contexte de la Côte d’Ivoire, l’approche systémique adoptée pour limiter les interceptions phytosanitaires de mangues. Ce dossier a été développé dans le cadre d’une concertation public-privé, et a été transmis en janvier 2020 à la DG Santé qui l’a validé. Cela a permis aux exportateurs de poursuivre les exportations lors de la campagne 2020 et les suivantes.
De manière globale, le COLEACP, à travers ses programmes assure une veille réglementaire de façon à tenir ses partenaires informés sur les changements réglementaires qui pourraient les impacter. Plus spécifiquement, cette veille réglementaire a permis d’informer les Organisations Nationales de Protection des Végétaux (dont la DPVCQ) des révisions de la réglementation phytosanitaire UE. Par ailleurs, les différents supports techniques développés pour faciliter la mise en conformité avec la réglementation phytosanitaire UE ont été adaptés conformément à ces changements et diffusés vers les partenaires concernés (Mise à jour – lignes directrices pour l’exportation de mangues vers l’UE).
L’appui à la filière dans la mise en conformité avec la réglementation européenne s’est poursuivi par un soutien à l’opérationnalisation du « Dossier mangue » (procédures et formations) et par la mise en place d’un système d’audit interne qui permet de mesurer l’efficacité du système et le cas échéant, de réajuster sa mise en œuvre.
Toujours dans le cadre de cette problématique de la mouche des fruits qui affecte la filière mangue et en complément des activités menées en appui direct à la DPVCQ, des interventions ont été menées, dans les entreprises, pour l’amélioration des pratiques tant pré que post récolte, ainsi que pour une meilleure reconnaissance et gestion des fruits piqués par la mouche.
Toutes ces formations contribuent à l’application de l’ approche systémique présentée dans le « Dossier mangue ». Ces interventions pourraient se poursuivre au cours des prochaines campagnes, selon les besoins identifiés et/ou exprimés par le secteur privé et par les résultats de l’audit interne mené par la DPVCQ en lien avec l’application du « Dossier mangue ».
Les efforts soutenus de toutes les parties impliquées pour le respect de la réglementation UE ont été payants et le nombre d’interceptions de lots de mangues ivoiriennes en Europe au cours de cette campagne 2020 a été historiquement bas : seuls quatre lots ont en effet été interceptés au cours de cette campagne. Cela représente une amélioration remarquable par rapports aux années précédentes pour des volumes exportés importants et ce malgré le contexte COVID 19. En 2021, le nombre d’interceptions a malheureusement augmenté. La DPVCQ a pu identifier un certain nombre de raisons conjoncturelles qui pourraient expliquer l’augmentation de ces interceptions, et partager ses premières conclusions avec la DG santé. Cette analyse a été affinée et précisée par la conduite de l’audit interne et des mesures ont été prises par la DPVCQ pour maintenir de manière durable le nombre d’interceptions phytosanitaires sous un niveau acceptable.
En parallèle à cet appui aux autorités compétentes et à la filière mangue (pour la gestion de la mouche des fruits), d’autres activités sont menées au bénéfice des opérateurs privés de la filière mangue dans le cadre de FFM et consistent essentiellement à répondre aux besoins spécifiques ou collectifs des bénéficiaires :
- Mises en conformité commerciale avec les marchés européens et internationaux (qualité, questions sociales et environnementales, production biologique…)
- Quantification et diminution des déchets issus des activités d’exportation de mangues fraîches et des activités de transformation
- Modernisation de la gestion des vergers pour un impact positif sur l’état phytosanitaire des vergers, sur les rendements et sur les revenus ; et finalement sur l’attractivité de la profession pour les jeunes
- Amélioration des relations contractuelles entre les producteurs et les exportateurs
- Appui pour la diversification des activités par la transformation (profil de marché, bonnes pratiques de transformation, etc.) principalement pour les mangues séchées et la purée de mangue.
Enfin, le COLEACP a initié en 2022 l’élaboration d’un Guide Régional de Bonnes Pratiques pour la Mangue qui couvrira la région d’Afrique de l’Ouest et portera essentiellement sur la mangue fraîche destinée à l’exportation. Les Guides de Bonnes Pratiques visent les 4 objectifs suivants : (i) faciliter la conformité des pratiques et des produits ; (ii) faciliter la reconnaissance de la conformité aux normes et aux exigences réglementaires ; (iii) faciliter le dialogue et l’échange de pratiques au sein du secteur ; et (iv) fournir un outil éducatif.
Filière capsicum et autres filières à risques sanitaires ou phytosanitaires (marché d’exportation et local) :
La filière capsicum est, comme la mangue, soumise à une réglementation phytosanitaire plus stricte à l’exportation vers l’UE du fait des risques d’introduction d’organismes de quarantaine.
La Côte d’Ivoire a fait le choix de suspendre les exportations de capsicum vers l’UE faute de pouvoir apporter les garanties d’exportations sans risques.
Par ailleurs, le développement de la filière au niveau local se heurte à la méfiance des consommateurs vis-à-vis des risques sanitaires que cette filière pourrait représenter en termes d’utilisation inadéquate de produits de protection phytosanitaires par exemple. L’amélioration du contrôle sanitaire par les autorités compétentes pourrait permettre de rassurer les consommateurs et le cas échéant, d’améliorer les pratiques culturales et ainsi la qualité sanitaire des piments produits et consommés localement.
C’est dans ce contexte qu’en 2021, il a été proposé aux Autorités Compétentes de Côte d’Ivoire de faire partie des pays pilotes pour l’application de l’outil d’évaluation rapide SPS (R-SAT) développé par le COLEACP (https://news.coleacp.org/fr/lancement-de-loutil-devaluation-rapide-sps-du-coleacp-en-cote-divoire/). L’outil appliqué à la filière capsicum pour le marché local et l’export vers l’UE a permis d’identifier les actions prioritaires à mettre en œuvre pour l’amélioration sanitaire (marché local) et phytosanitaire (réglementation phytosanitaire UE). Ce plan d’action a été validé et partagé au cours d’un atelier public privé élargi aux différents acteurs de la filière capsicum en Côte d’Ivoire.
L’appui du COLEACP à la mise en œuvre de ce plan d’actions, à travers le programme FFM SPS ou FFM+, sera discuté selon les besoins des autorités compétentes et du secteur privé impliqués. Bien que l’outil R-SAT soit appliqué à une filière en particulier, la mise en œuvre des actions identifiées auront bien entendu un impact positif sur les activités transversales des Autorités Compétentes et donc sur l’ensemble des filières. Cela est important pour d’autres filières dont l’exportation a également été interrompue de manière volontaire par les Autorités Compétentes ivoiriennes ou encore les productions destinées au marché local de manière plus générale.
Pour la mise en œuvre de certaines actions – notamment celles destinées aux autorités compétentes et structures en charge du contrôle de la qualité sanitaire – la recherche de partenariat avec d’autres bailleurs de fonds et programmes travaillant sur ces domaines / filières locales sera particulièrement recherchée.
Autres filières – marchés d’exportation :
Des filières telles que la noix de coco revêtent une importance économique et sociale ( la Côte d’Ivoire est le premier exportateur africain de noix de coco vers l’UE, ses exportations représentent plus de 95% du volume total exporté à partir de l’Afrique ) et sont moins sujettes à des demandes spécifiques de l’UE ( pas de certificats phytosanitaires requis). C’est la cas également de l’ananas ou de certains légumes ethniques.
Dans le cas de ces filières, les actions se concentrent essentiellement sur le secteur privé et pourront concerner :
- Mise en conformité commerciale avec les marchés européens et internationaux ( qualité, questions sociales et environnementales, production biologique…)
- L’appui à l’amélioration de la production (coaching des acteurs de la filière noix de coco pour la bonne gestion des cocoteraies)
- Les bonnes pratiques environnementales
- Les pratiques de gestion des entreprises, ainsi que la structuration de la filière
Filières maraîchères pour le marché local et régional :
Selon les besoins, cet appui se fera à travers des structures intermédiaires actives auprès des acteurs (producteurs, encadreurs, distributeurs) des filières maraîchères, avec comme objectif une professionnalisation de ces filières et des productions saines et durables. Il s’agira d’appuyer ces structures intermédiaires – pour autant que ces structures soient suffisamment organisées – à améliorer les services offerts aux producteurs de manière à ce que ceux-ci puissent accéder aux marchés les plus rémunérateurs.
Filière banane :
Dans le cadre de sa participation à l’Alliance Mondiale TR4 (Fusariose tropicale), le COLEACP a été invité à participer au développement d’une proposition de programme de formation et de sensibilisation pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, en lien avec des initiatives similaires menées en Asie et en Amérique latine.
Une grande partie des travaux proposés vise à aider les autorités compétentes à mettre en place les réglementations et procédures nécessaires couvrant, par exemple, le mouvement et la vente de matériel végétal, la surveillance, les installations de diagnostic et les services d’inspection.
En Côte d’Ivoire où la banane constitue une culture majeure, tant pour l’exportation régionale et vers l’UE que pour la consommation locale, et face à l’enjeu, un comité national TR4 s’est formé et a déjà établi un plan d’actions. Un appui du COLEACP pourrait permettre, si nécessaire , de compléter ce plan d’actions par des éléments du programme de formation développé par le COLEACP et par une analyse inspirée de l’outil R-SAT.